Entretien avec Akkha Vilaisarn arbitre du Paris Grand Chess Tour


Pour la deuxième année consécutive Akkha Vilaisarn a arbitré, en duo avec son compère et ami Stéphane Escafre, le prestigieux tournoi d’échecs de parties rapides et blitz « Paris Grand Chess Tour ». Ce tournoi d’échecs constitue la troisième étape du Grand Chess Tour 2019 dans lequel les plus grands joueurs d’échecs de la planète ce sont affrontés du 27 juillet au 1er août.
Homme orchestre de la Ligue Corse, Akkha à plusieurs cordes à son arc: joueur, animateur, entraîneur, directeur, mais aussi Arbitre !
Il est arbitre international depuis 2009, et c’est une référence dans le petit monde de l’arbitrage par son charisme et sa prestance. Il a aussi, beaucoup d’expérience dans la gestion des joueurs de haut niveau.
Nous l’avons contacté durant son séjour parisien afin qu’il nous livre ses impressions sur l’arbitrage en général et le Grand Prix Chess Tour en particulier.


Salute O Akkha, tu es arbitre d'échecs. Parle-nous un peu de ton expérience personnelle.
 
Salute.  Je dirais que j’ai une expérience assez large de l’arbitrage. Par large, je veux dire l’éventail du niveau des joueurs que j’arbitre, du niveau et de leur nombre également. Le mois dernier, début juin, sur la place St-Nicolas, j’ai géré une équipe d’une soixantaine d’arbitres lors du grand tournoi de masse à Bastia, tournoi réunissant  3500 scolaires ! Ici, je passe de 3500 à … 10 joueurs. Mais quels joueurs ! En dehors de Carlsen (le champion du monde), il y a là les 10 meilleurs joueurs de la planète !
 
A quel niveau exerces-tu, comment considères-tu le rôle de l’arbitre ?
 
Je suis arbitre international depuis 10 ans : C’est le plus haut niveau de l’arbitrage.
En ce qui concerne le rôle de l’arbitre, à mon sens,  il serait plus juste de parler des rôles de l’arbitre. Cela se situe à plusieurs niveaux. D’abord technique : tirage au sort, appariement des joueurs, vérifier le matériel, régler les pendules, veiller au respect des règles du jeu etc. Ensuite il y a tout l’aspect préventif : la prophylaxie, pour reprendre un terme échiquéen. Par exemple l’éclairage des échiquiers doit convenir à la retransmission télé ou vidéo mais ne doit pas gêner les joueurs et il y a un millier de choses comme ça. L’arbitre est un peu  le trait d’union entre les joueurs et l’organisateur. Entre les joueurs et le public. Entre les joueurs et la presse etc.
Autrement dit, un des rôle de l’arbitre est de savoir régler un problème avant même qu’il n’apparaisse. C’est pour moi l’aspect le plus difficile du rôle de l’arbitre et il faut beaucoup d’expérience pour cela. Mais je suis ici à bonne école : Je seconde l’arbitre principal Stéphane Escafre qui est un arbitre international de grande compétence et de grande expérience ( il fait partie de la commission qui écrit les règles du jeu et par ailleurs il est l’arbitré du dernier championnat du monde à Londres, entre Carlsen et Caruana).
 
Que ressens-tu une fois dans la salle de jeu ?
 
Une fois dans la salle de jeu, je suis concentré et en alerte pour mener à bien la journée de tournoi, anticipant et prévenant les incidents possibles.
 
Comment être à la fois respecté et apprécié par les joueurs ?
 
Tout d’abord,  la discrétion : un bon arbitre est un arbitre discret, c’est la règle d’or de l’arbitrage. Ensuite il faut respecter les joueurs, être à leur écoute. Enfin il faut être très réactif, être en alerte et être sûr de ses décisions. Mais pour finir, et c’est le secret, il faut sourire en toute circonstance, mais pas un sourire de façade, un vrai sourire, celui qui montre que vous faites de votre mieux, que cela se passe bien et que vous êtes content d’être là et de faire ce que vous faites.
 
 
Pourquoi avoir décidé de devenir arbitre ?
 
Comme pour la plupart de mes collègues arbitres j’imagine: D’abord pour rendre service, c’est-à-dire suivre des formations pour devenir la personne qui va aider à gérer des tournois au club. Et puis au fil du temps passer d’autres examens pour monter en grade et finalement devenir arbitre international.
 
 
C’est quoi ta meilleure expérience, l’événement que tu as préféré? Et surtout pourquoi?
 
Ma meilleure expérience est le fait d’avoir été le 1er arbitre au monde à avoir appliqué la règle connue maintenant comme étant la règle corse : La proposition de nulle par accord mutuel n’est pas permise. C’est une règle votée et appliquée en Corse depuis 2003, à l’open de Balagne à Calvi. A l’époque c’était une révolution au niveau des règles du jeu car les règles internationales permettent justement cette proposition de nulle. Sous l’impulsion du Président de la Ligue Corse, Léo Battesti, nous avons appliqué cette interdiction de proposition de nulle. Inutile de vous préciser que cela a crée des tensions au niveau national et international, suscité beaucoup de débats mais maintenant cette règle existe et a été reconnue.
 
Et la pire?
 
Une question difficile, je garde le sourire et je n’ai pas de pire souvenir qui me vient.
 
 
Quelles sont tes impressions après avoir arbitrer ce "Paris Grand ChessTour " ?
 
La plupart de ces super grand-maîtres sont venus en Corse (le Corsican Circuit est un des tournois les plus forts au monde)  et donc je les avais déjà pratiquement tous arbitré.  Mais ici, à Paris, ils sont tous réunis dans un même tournoi, c’est extraordinaire ! C’est la 2eme fois que j’arbitre ce tournoi. Merci à Graham Jurgensen d'avoir fait appel à moi pour arbitrer le Paris Grand Chess Tour.
Les joueurs sont d’une grande classe et d’une grande correction. C’est une réelle satisfaction et une grande fierté d’arbitrer l’élite mondiale dans ce « Paris Grand Chess Tour ».

À ringraziatti.

 





Le Jeudi 1 Août 2019 | Lu 1050 fois

Jeudi 1 Août 2019


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